4/3. Les délais dexécution :
Dans un contrat de stylisme free lance, les délais dexécution constituent un élément essentiel devant être déterminé avec soin, à lissue dune concertation antre le créateur et le client. Il importe de sengager sur des délais réalistes. En principe, les délais, une fois convenus avec le client, ne peuvent plus être modifiés sans son accord exprès. Il est donc aléatoire de compter sur une renégociation ultérieure. Le non-respect des délais convenus constitue de surcroît un manquement au contrat exposant le styliste ou le modéliste à une résiliation et/ou à une éventuelle indemnisation du préjudice qui en est résulté (ex : retard dans la commercialisation de la collection). Sans aller jusque là, il arrive que le client sestimant lésé, conteste les honoraires ou exige une remise, contraignant le styliste à prendre linitiative dune procédure sil veut être payé en intégralité. Attention : lacceptation dun travail, sans formuler dobservations ni de réserves sur les délais fixés dans le bon de commande du client, vaut accord implicite sur ces délais.
4/4. La durée du contrat :
Le plus souvent, les contrats de stylisme free lance ne comportent pas de durée précise de date à date, mais sont néanmoins limités dans le temps dès lors quils sont conclus pour telle ou telle(s) saison(s). Ainsi, une fois les créations remises au client, le contrat prend fin et ne peut être renouvelé que par la conclusion dun nouveau contrat.
Il peut être utile, pour sécuriser les relations et leur apporter une certaine stabilité, dinsérer au contrat une clause de prorogation tacite pour la saison suivante, sauf dénonciation par lune ou lautre partie avant telle date. Exemple de clause : « Le présent contrat sera automatiquement prorogé pour la saison suivante, puis pour chaque nouvelle saison postérieure, sauf dénonciation par lune ou lautre des parties, avant le 31 juillet de lannée en cours ( pour la collection Hiver de lannée suivante) ou avant le 31 décembre de lannée en cours ( pour la collection Eté de lannée N + 2). »
> 5. Quelques clauses utiles :
5/1. Les clauses visant à sanctionner un défaut de paiement :
- Les intérêts de retard : en application du droit commun (article 1153 du Code Civil), les sommes impayées à leur échéance portent automatiquement intérêts à compter de la date de la mise en demeure de payer adressée ( de préférence en recommandé avec accusé de réception) au débiteur. Ces intérêts courent au taux légal, également appelé taux de base bancaire (soit, pour lannée 2000, au taux de 2.74% lan). Il est cependant possible daménager contractuellement cette sanction dans un sens plus favorable au créancier. Ainsi, il est fréquent davancer dans le temps la date de point de départ des intérêts de retard et de leur attribuer un taux plus rémunérateur. Exemple de clause : « toute somme non payée à léchéance portera intérêts au taux légal majoré de trois points à compter de sa date dexigibilité ».
- La suspension des prestations : nul ne pouvant se faire justice à soi-même, il est hasardeux, si le contrat ne la pas expressément prévu, de suspendre lexécution des prestations en cas de non- paiement par le client de lune des échéances convenues. Il est donc judicieux de le stipuler clairement. Exemple : « En cas de non-paiement par le client de lune des échéances prévues au contrat, le créateur sera en droit de suspendre ses prestations jusquau complet règlement de sommes échues qui lui sont dues, les délais convenus aux présentes étant reportés dautant ».
- La résiliation anticipée du contrat : lorsque lune des parties manque à ses engagements contractuels, lautre partie a le choix entre réclamer lexécution du contrat ou en demander la résiliation (avec, éventuellement, dommages et intérêts pour le préjudice subi).Dans les deux cas, toutefois, une action judiciaire doit être engagée contre le cocontractant défaillant et, si la résiliation est demandée, le Juge est libre de la refuser sil considère que le manquement reproché est véniel. Le moyen de palier cet inconvénient (en particulier, déviter le recours au Juge) est de prévoir une clause expresse de résiliation anticipée du contrat pour inexécution. Exemple : « En cas de manquement de lune des parties à ses obligations, non corrigé dans les XXX jours de la mise en demeure davoir à y remédier, adressée à la partie défaillante par lettre recommandée avec accusé de réception, le présent contrat pourra être résilié de plein droit, si bon semble à lautre partie, après une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception restée sans effet dans les XXX jours de sa réception.
5/2. Les clauses relatives au droit applicable et au tribunat compétent en cas de litige :
En principe, un contrat conclu entre deux ressortissants français est soumis au droit français et toute action en justice doit être portée devant les Juridictions du lieu où réside le défendeur et/ou, en matière contractuelle, devant celles du lieu de livraison des biens ou dexécution de la prestation de service. La situation est en revanche plus complexe si lun des contractants est étranger. Il est donc avisé de donner compétence au droit français par une clause expresse du contrat. Concernant la compétence judiciaire, le contrat peut prévoir que tout litige non résolu à lamiable devra être soumis aux Juridictions du lieu de résidence du créateur. En revanche, la clause attribuant compétence aux Juridictions du lieu de résidence du client nest pas opposable au créateur nayant pas la qualité de commerçant (ce qui est a priori le cas pour un créateur exerçant individuellement).
> 6. Les clauses déconseillées :
On a déjà évoqué, dans la première partie de larticle, les dangers de la clause de pourcentage que les ventes lorsquelle constitue le seul mode de rémunération du créateur. Cette clause nest à la rigueur acceptable que si all saccompagne dune avance minimum garantie assurant au créateur un revenu fixe suffisant dû par le client en toute hypothèse (donc, même en cas de mévente ou dabsence de commercialisation). Les clauses de non-concurrence ou dexclusivité restreignant la liberté de travail du créateur sont également à déconseiller dans un contrat free lance. Compréhensibles dans un contrat de travail à durée indéterminée, elles sont à priori injustifiées lorsquelles visent un créateur free lance dont lactivité, par définition, sexerce librement auprès de plusieurs clients.
> 7. Conseils dusage pour sécuriser les relations contractuelles :
On rappellera que le contrat doit être établi en autant doriginaux que de parties signataires. Chaque original doit en outre préciser le nombre total dexemplaires originaux qui ont été établis<. A défaut, la force probante de lacte peut être contestée. Le contrat doit, évidemment, être daté et signé par chaque partie. Sil comporte plusieurs pages, chaque contractant appose ses initiales au bas de chaque page intermédiaire et signe la dernière. En revanche, les mentions lu et approuvé » ou « Bon pour accord » sont superflues. Il est par ailleurs conseillé, en cours dexécution du contrat, de conserver une trace écrite des échanges verbaux pouvant avoir un impact sur le contrat. Exemple : le client demande au créateur délaborer un nombre de modèles supérieur à celui initialement prévu dans le contrat ( ce qui déclenchera, le cas échéant, la perception dhonoraires complémentaires). Il peut être avisé en pareil cas de demander une confirmation par fax au client ou, à défaut, de confirmer soi-même lextension du contrat (« Jai bien noté votre demande portant sur
et vous confirme
») pour éviter toute contestation ultérieure.
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