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escapade

divergence parallèle
par Annelyse Mann

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adae esmod info
Nombreux sont nos Anciens qui, après une carrière réussie dans la mode, évoluent vers des mondes connexes tout aussi créatifs, où ils appliquent leurs capacités d'intuition, de "feeling" comme on dit, de sensibilité à la forme, à la couleur, de recherche et de "chine"… Tout ça, et bien c'est tout Alain ! Alain Chiglien est sorti d'Esmod en 1984, avec un premier prix du jury, décerné par Jean-Paul Gaultier. Pourtant, fidèle à un engagement antérieur (il avait été sélectionné sur dossier par un bureau de style New Yorkais I. M. International), il s'envole pour New York.

Malgré l'intérêt de cette expérience américaine, la France finit par lui manquer : il revient alors à Paris, où il travaille pour plusieurs maisons pendant douze ans. Alain a toujours ou presque été collectionneur. Sa passion : l'art contemporain, peintures, sculptures, céramiques, mobilier design, avec la recherche des créations de designers aussi célèbres que Charles Eames, Raymond Loewy, Arne Jacobsen, Marc Berthier, Roger Capron, Blin, Motte, I Guzzini, Panton, Mathsson, Olivier Mourgue, mais aussi une sélection d'objets sans référence légitimée mais choisis par Alain pour leur simple valeur intrinsèque. Son premier tableau, il l'a acheté avec son argent de poche, à … 14 ans ! Il en retrouve l'auteur, quelques années plus tard , qui sera le directeur de la fac d'architecture où il fait ses études : Luminy. C'est d'ailleurs cette passion de l'art contemporain qui l'a rapproché de Roger Nilsson, tout aussi passionné que lui, et artiste lui-même : Nilsson danse professionnellement, dans des compagnies contemporaines, comme Mats Ek-Ballet Cullberg, Angelin Preljocaj, Andy Degroat, Maïté Fossen et Joël Borges… À eux deux, ils ont constitué une importante collection de "Capron" (Roger Capron est l'un des céramistes les plus réputés de la grande période de Vallauris), et s'intéresse aussi au design des années 50 à 70, où sa Scandinavie natale a été l'un des phares.

Ensemble, ils décident de tenter une aventure : ouvrir leur propre galerie ! C'est une solide préparation de trois ans. Levés à l'aube pour arriver les premiers, ils chinent partout où ils le peuvent, aux Puces comme dans les brocantes de village, dénichant chaises ou fauteuils en première édition, lampes sixties, tables basses… Ils n'hésitent pas non plus à partir chiner à l'étranger, comme à en Scandinavie : Malmo, Stockholm, Copenhague, en Belgique, en Italie, aux USA. Un amateur vient de passer, justement, avant le vernissage : on attend beaucoup de monde, et les deux petites tables Saarinen, première édition originale de Hermann Miller avant celle de Knoll, pourraient s'envoler. Le collectionneur est passé pour les retenir.

Trouver ce lieu privilégié leur a pris un an et demi, pendant lequel quelques emplacements tentants leur sont "passés sous le nez". Lorsqu'on propose à Alain et Roger Nilsson le 117 rue Vieille du Temple, à deux pas des Archives Nationales et du Musée Picasso, entre hôtels particuliers séculaires et galeries d'art contemporain incontournables, ils s'écrient "On signe ! Tout de suite !". Bon choix, non démenti à ce jour : la galerie Nec (Nilsson Et Chiglien) est le "plus ultra" ! Le vernissage bat son plein : on expose, au milieu du design contemporain cher à nos deux collectionneurs, les photos de Ruben Milogis, artiste argentin; en 2001, Milogis a d'ailleurs eu "Carte Blanche" pour une action artistique sur le théâtre de l'Odéon, qu'il a choisi de bâcher. Le but est de donner l'opportunité de montrer leur travail et leur réflexion à des artistes "déjà connus, mais non encore reconnus", dit Alain : "Notre choix se fait sur un coup de cœur, une reconnaissance réciproque."

Milogis présente ici un hommage au "doigt et à l'œil" : dix grands travaux photographiques (100 x 70 cm) mettant en scène le doigt dans des représentations symboliques qui sont autant de clins d'œil au langage et aux tendances de société, et une vidéo sur l'œil : Mal Vue.
J'arrive un peu tôt, vers 17 heures : ce sont les derniers préparatifs. Milogis pose, nous discutons appareils numériques, il me suggère un autre angle pour que mon flash ne réverbère pas sur la surface glacée des photos; j'écoute avec humilité :
a qualité de ce que j'ai autour de moi, le rendu magnifique des matières me laissent rêveuse. Dans la rue, un jeune garçon en remorque de sa mère de retour d'école, s'attarde à montrer (du doigt ! ) un fauteuil-œuf, en s'exclamant "le fauteuil de Mars Attack !" (en fait, le fauteuil Ovalia – de Larsen – a été utilisé dans le film Men in Black) : un Chiglien en herbe, déjà ? (À propos de film, on peut voir actuellement à la galerie le salon de Mourgue qui a été utilisé pour le film-culte 2001, Odyssée de l'espace …)

Avec les premiers invités, deux artistes, l'un qui a précédé Milogis – Johannes von Saurma qui avait présenté une expo photos relatant le Crazy Horse année 69, photos originales d'époque – l'autre qui est programmé pour l'expo suivante : Coffone, argentin lui aussi, artiste plasticien connu pour ses installations. Belle solidarité et belle osmose dans ce monde de l'art ! Alain Chiglien et Roger Nilsson présentent Milogis aux personnalités du monde de l'Art contemporain, (comme ce grand manitou, mais motus!), Peu à peu, la galerie est comble, les invités débordent sur le trottoir, un verre à la main; il fait beau, il fait doux, je m'éclipse avec un discret au revoir en songeant à Alain, que j'ai connu pendant sa collection de 3° année. Un beau chemin parcouru, non ? Comme les objets qu'ils présentent, Alain et Roger Nilsson ont traversé la fin de ce XX° siècle, tantôt sous les feux de la rampe et tantôt éclipsés, pour n'en être que plus appréciés.

Parutions presse : Résidences Décoration, (2° de couv), Numero (le 31) Marie Claire Maison, Le Figaro, Elle déco, A.D., Vogue (mai 2002), L'Express, Air France Magazine, Nova, MAPS, et un grand reportage par M.C. Marek, sur sa chaîne web www. themode.TV. Pour l'exposition, NEC a reçu l'aimable soutien de Bang & Olufsen, notamment pour la projection de la vidéo. NEC est également cité comme adresse de référence dans le guide Paris Design.
_association des anciens élèves d'esmod