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C’est bien la taille qui compte...
Pascal Montfort

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adae esmod info
Après la Révolution, des jeunes gens, les « incroyables », provoquent les passants par leur comportement arrogant et les proportions savamment disgracieuses de leur accoutrement. Ils choquent leur époque par des redingotes étriquées aux cols démesurés et parce qu’ils portent des culottes dont les deux jambes ne s’arrêtent pas aux même niveaux. Caricatures, dont le dessein est de se moquer et d’exprimer un mécontentement, ces « marquis d’opérette » jouent subtilement des mesures de leurs habits en augmentant ou en réduisant les côtes conventionnelles.
Le phénomène n’est donc pas propre à notre siècle. Jouez la carte du « rikiki » ou du « costo-costo » semble être une tradition de mode qui se perpétue...

Silhouette avec pantalon de Missoni, 2002
www.missoni.it/
>... Suite au moment de la Seconde Guerre Mondiale, à Paris, avec un groupe d’excentriques qui évoluent dans des pantalons « largissimes » et des vestes trop grandes pour eux. Par cette fausse étourderie, les zazous affichent ouvertement leur « ras-le-bol » de la pénurie de l’après-guerre. Ces jeunes gens s’élèvent, à leur manière, contre la restriction, par des dépenses somptuaires de matières chères. Ils refusent le rationnement du tissu et plus précisément de la laine (il est alors interdit d’utiliser plus de 26 pour cent de laine dans un costume masculin). Les zazous annoncent le retour de la vie facile et des fêtes sans retenu. Les pièces essentielles de la panoplie sont le « zoot-pantalon » : soixante-quinze centimètres de large à la hauteur des genoux puis faisant un angle pour arriver à trente centimètres en bas, avec une veste-redingote, pincée à la taille et évasée ensuite jusque sous le genou. « En 1943, porter un costard 'zoot', c’est se mettre en ligne de front (...) » ...

>... Entre les années soixante et soixante-dix, sous l’influence des idoles, les branchées comparent le bas de leurs pantalons. Plus c’est large, plus c’est « cool ». On n’hésite pas à sortir le mètre de couture du sac pour vérifier que les « patdéf » ( contraction de pattes d’éléphant) atteignent bien les 90 centimètres annoncés. Les cols de chemises sont aussi sujet à la démesure. Les « pelles à tartes » les plus chics dépassent trente centimètres. Sous le regard inquiet des parents, les silhouettes des kids se transforment.

>... Un peu plus tard, influencé de la « Soul » anglaise, un nouveau look vestimentaire fait son apparition. La musique, d’une énergie sans précédent s’accompagne d’une danse de plus en plus acrobatique. Alors, des effets amples et confortables deviennent un choix évident. La coupe des pantalons est bouffante depuis la taille et s’arrête assez haut aux chevilles pour montrer d’éclatantes chaussettes blanches. « Pour ce qui est de la largeur, on allait d’un petit soixante centimètres à des délires d’un mètre vingt. »
Sur les podium...
... aussi, on s’amuse avec le demeuré. Le couple Viktor & Rolf adore exagérer les détails et n’hésite pas à transformer le corps humain par des exercices de style sur les tailles.

On se souvient aussi de la collection de Martin Margiela composée de vestes de costume géantes et de pantalons d’ogres.

Vendy & Jim ouvre un défilé par une veste « bomber » jaune fluo dont les manches traînent à terre.

La liste est si longue que l’ «oversized » semble presque un passage obligé dans la carrière d’un (grand) couturier.

Le très branché magazine anglais Sleazenation intitulait son numéro de juin 2002 : XL, Fashion that large it.
www.sleazenation.com
On peut voir aussi :
www.fubu.com/
www.mauricemaloneusa.com/
www.karlkani.com/
www.petit-bateau.com/

Et pourquoi pas :
www.suavecito.com/
Baggy street kids, Los Angeles 2002 Chris Sullivan, chanteur du groupe Blue rondo à la Turk en 1982
>... Dans les rues des quartiers « Downtown » de Los Angeles, dans les années 80, des jeunes membres de gangs sont à l’origine d’un phénomène de mode qui s’exporte, aujourd’hui, aux quatre coins du globe : le pantalon Baggy. En prison, on n’a pas le droit de porter de ceinture et les pantalons larges, en taille unique, fournis par l’établissement, tombent souvent sous les fesses des caïds. Il faut pourtant garder une certaine dignité et faire de ce « fait divers » un atout de style. Les prisonniers se mettent à porter, avec fierté, le pantalon plus bas que l’élastique des sous-vêtements. Et, bien sur, lorsqu’ils retrouvent la liberté, les vandales continuent à exhiber, dans la rue, des jeans trop grands, sans ceinture, pour signaler qu’ils ne sont pas des rigolos mais de vraies terreurs. Admiratifs, les jeunes imitent les grands pour se donner une apparence de mauvais garçons. Le phénomène est soutenu par les clips vidéos de MTV qui mettent en scène la tendance « gang-star ». Il n’est plus question, d’acheter un pantalon à la bonne taille. L’industrie de la mode repère le filon. Les marques s’inspirent. Les boutiques vendent très vite, par milliers, des répliques de pantalons de prisonniers dont l’entrejambe descend jusqu’aux genoux. Mais ces derniers sont griffés Fubu, Pele Pele, Maurice Malone ou Karl Kani. Le style gangster moderne fait fureur et le baggy-pant (pantalon-sac) cause même du tort au supposé indémodable Levi’s 501.

>... A l’inverse, le phénomène « Baby Babe » pousse les grandes filles à voler les débardeurs de leurs petites sœurs, alors qu’il n’est pas rare de croiser des petits garçons de trente kilos porter des tee-shirts XXL. Au début des années 90, la marque Petit Bateau voit ces ventes de tee-shirts XS décoller en flèche. Les jeunes filles les plus averties veulent mouler leurs nénés dans du dix ans pour aller danser dans les rave-parties. Nouvelle fête, nouvel état d’esprit, nouveau style. Les premiers technoïdes prône la régression et la joie. On voit naître de nouvelles « lolitas » majeures, pour qui les références de l’enfance sont des gages d’élégance. Couleurs naïves, sucette au bec et surtout... micro-tee-shirt sont de rigueur. Très vite, même maman veut son Petit Bateau pistache pour aller au bureau... Aujourd’hui, les petites filles, de qui on a dépouillé la garde-robe, prennent leur revanche... à sept ans, elles vont, chez Tammy, acheter des talons aiguilles de quinze centimètres et des strings « pour qu’on ne voie pas la marque de la culotte » quand elles mettent des pantalons blancs pour sortir au bac à sable.

_association des anciens élèves d'esmod