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elles ont créé leur propre site
La présentation de son activité sur le net se propage, et pas seulement pour les grandes entreprises ! On y trouve aussi des PME, des entreprises individuelles et des indépendants. En effet, s'il n'est pas forcément un outil commercial de notoriété ou de publicité, le site individuel présente...
Suite...
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Parcours sur mesure
Michael Ohnona par lui-même
avec l'aide d'Annelyse Mandon
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adae esmod info |
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La maison KORN réalise depuis 1927 des vêtements masculins en essayant de concilier le savoir-faire des tailleurs et l’innovation technologique, leurs deux domaines d’activité étant le PAP de luxe masculin – dont les licences BURBERRY'S, MUGLER, RYKYEL…– et ce qu'on appelle la "mesure industrielle".
J'entre chez KORN le 1° mars 1999 refusant d'entendre ce que tous me disent, à savoir que cette entreprise, qui vient de fermer son site de production tourangeau (quatre cents personnes) un an plutôt est déjà condamné à disparaître.
Et oui, l'entreprise dépose effectivement le bilan en mai 2000. Mais, chaque jour que j'y ai passé m'a appris quelque chose sur ce métier ; les gens rencontrés là-bas avaient souvent plus de vingt ans d'expérience et faisaient parti des meilleurs techniciens existant dans le monde ! J'aurais aimé y rester dix ans !
En collaboration avec José Guerrero dit "le sorcier ", j'ai été chargé du département de la mesure industrielle, c'est à dire de la conception de vêtements sur mesure à partir de gabarits de base, par apport d’altérations conçues et appliquées grâce au logiciel FITNET.
Avec la fermeture de l'entreprise, je décide que le moment est venu de me "lancer" – deuxième essai, certes, mais le premier, si naïf, comptait-il vraiment ? – , d'abord parce que peu d'entreprises concurrentes de KORN atteignent la même qualité, mais surtout parce que le façonnier auquel KORN confiait la réalisation de la mesure est, lui, encore en activité et souhaite reprendre cette activité "Mesure" de Korn, en embauchant des techniciens et notamment le sorcier GUERRERO. Pourtant, pour des raisons familiales (femme et enfant, avec une carrière parisienne pour la première), il ne m'est plus facile de partir en Dordogne; je mets donc en place le logiciel chez le façonnier et je m'inscris au répertoire des métiers pour proposer un "service à domicile" ce qui m'évitera des frais de locaux.
Le marché de la mesure industrielle est en expansion et je me fais vite connaître par le bouche à oreilles, ainsi que par quelques "mailings".
En parallèle, je donne quelques cours à Mode Estah. Si Mode Estah m'apporte effectivement une sécurité financière – quand on démarre, c'est important – c'est quand même plus pour l'activité de formateur que je le fais. Beaucoup de profs pourraient ne faire qu'une carrière d'indépendants, et souvent mieux rémunérée, mais ceux qui se sont essayés à l'enseignement ont du mal à quitter leurs élèves… C'est complémentaire, c'est aussi partager une passion, et on n'en a pas toujours le temps dans une activité dont le maître mot est souvent « rentabilité ».
> En pratique, comment se déroule une "commande" ?
Comment je travaille ?
Et bien…j'arrive au premier rendez-vous avec un carnet de mesures, des liasses de tissus et des costumes témoins que je fais essayer ; ça me permet d'identifier la conformation et la stature du client.
Je prends ses mesures précises et discute avec lui de la coupe, du tissus, des détails et des finitions.
Je remplis alors une fiche qui sera saisie par un opérateur à l'atelier et qui permettra de sortir le patronage modifié. Le costume sera alors fabriqué de manière semi-traditionnelle ou traditionnelle, c'est à dire avec un peu de thermocollant ou pas du tout ; cela dépend du poids du tissu et du choix du client.
Le costume m'est expédié sous dix jours.
Je reviens faire un essayage puis j'effectue les finitions et les éventuelles retouches à Paris.
Mon objectif, c'est de faire de plus en plus de choses à la main sur mes costumes pour m'approcher de la grande mesure – trois essayages, et tout réalisé à la main.
C'est ce que je ferais dès aujourd'hui si j'étais entré comme apprenti chez un tailleur à 16 ans, mais à 16 ans, je ne savais pas… et peut-être aurais-je eu le regret de n'avoir pas fait autre chose.
C'est le grand mérite des parcours un peu erratiques : une vision large, pas de regrets, et la passion pour guide ; moi, ce que j'aime, c'est conseiller mes clients sur leur manière de s'habiller, je suis vraiment là pour les décharger d'avoir à concevoir leur garde-robe. |
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Son façonnier :
Korn a transmis son savoir-faire à Manuribe. C'est une usine de cinquante personnes, entre Angoulême et Périgueux, qui fabrique du PàP et de la mesure industrielle. Beaucoup d’anciens clients de Korn sont devenus les clients de Manuribe, notamment OLD ENGLAND, DORMEUIL...
Je suis totalement indépendant de Manuribe; nous ne sommes pas associés, mais je suis un client un peu privilégié au sens où, ayant été leur interlocuteur durant la collaboration avec KORN puis ayant mis en place la CAO et formé l'opérateur de saisie, je fais un peu partie de la maison, d'autant que je continue à travailler sur leurs modèles, deux à trois jours par mois.
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Le prix du beau:
Lorsque je parle d'approcher la grande mesure, j'entends trouver le juste compromis entre modernité, rentabilité et tradition. Concrètement, il faut appliquer la technique traditionnelle aux "endroits stratégiques" comme le col, la poitrine ou l'épaule, et gagner du temps sur ce qui est moins important : montage des poches, les boutonnières ou doublage. Bien sûr, le souci, c'est aussi de proposer un produit plus abordable que la grande mesure.
À titre d'information, en grande mesure, un costume peut coûter, à tissu égal, de 1000 euros (environ 7000 FF) chez un petit tailleur de quartier à 3000 euros (environ 20 000 FF) chez un grand nom comme Lanvin ou Smalto.
La clientèle de la grande mesure est de deux types : d'une part des personnes d'un certain âge habituées à leur tailleur et pour qui le mot "confection " reste péjoratif – ils disparaissent souvent en même temps que leur tailleur – et d'autre part des clients à fort pouvoir d'achat appréciant les très belles choses – mais raisonnant sur le long terme : investissement / durée de vie du costume, sachant qu'un costume bien coupé et fabriqué entièrement à la main leur fera toute une vie. Ce sont les hommes politiques de premier plan, les artistes, les P-D-G.
Mes costumes à moi s'achètent entre 5000 et 10 000 FF (je vous laisse faire la conversion euros) et mes concurrents directs – OLD ENGLAND ET DORMEUIL – sont environ 30 % plus cher pour un produit identique : mêmes bases de patronage ET même fabrication.
En revanche, on trouve aujourd'hui de la demi-mesure à 1000 euros (3000 FF) – SAMSOM, FRED ET ALFRED, STANBRIDGE – mais il s’agit de produits entièrement thermocollés, et où la prise de mesures se rapproche plus du travail de retoucheur que de celui du tailleur.
La fourchette est large car je peux travailler des tissus allant de 45 euros (300 FF) à 230 euros (1500 FF) le mètre.
Ma clientèle se fidélise peu à peu, mais j'ai aussi des clients ponctuels ( pour des mariages ou des événements ). Ils sont de professions libérales souvent, appréciant que je me déplace et que je les conseille sur l'ensemble de leur garde-robe : ils me montrent costumes, chemises, cravates et chaussures et j'établis une fiche de leur personnalité et de leur budget.
Pour mémoire, le prix moyen d’un costume en confection va de 2000 (en moyenne gamme) à 5000 FF. Mais quel est le critère retenu ? Un costume haut de gamme, est-ce un costume bien fabriqué (BOSS, ZEGNA )ou un costume tendance (KENZO, PAUL SMITH ) ?
Les clients ne sont pas des gens de métiers, il faut les sensibiliser à la fabrication pour qu'ils comprennent que le prix payé en PàP est ou n'est pas justifié.
Ils dépensaient entre 3 et 5000 FF en PàP et comprennent très vite que je leur apporte le confort et le plaisir de la mesure pour à peine plus cher…
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