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« C'est ne rien dévoiler du tout »
Pascal Montfort

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> La formulation “dessous” s’emploie à la fin du XIXème Siècle. Avant cette date, les dames portent du linge de corps ou de la corseterie. Les dessous n’apparaissent pas dans le dictionnaire avant 1907. Le terme prend, dès lors, une connotation frivole ; il entre dans l’imaginaire érotique via les revues et les spectacles libérés. Les frous-frous et les falbalas servent d’invitations sensuelles pour les séductrices de la Belle Epoque. Avec les dessous nouveaux, les coquettes ravageuses incitent les hommes à une curiosité rongeante et attisent leur envie de découvrir les secrets intimes, les vérités invisibles et les mystères interdits. Les grands magasins proposent des multitudes de corsets et d’articles de mode, aussi aphrodisiaques que douloureux, destinés à mettre en valeur la taille, la poitrine et la croupe dans une parfaite silhouette en “S”. Les règles du voilé-dévoilé se mettent en place et les mâles dominants attrapent le tournis face aux nouveaux objets fétiches qui s’offrent à eux presque aussi vite qu’ils se dérobent. On n’aime pas la femme naturelle qui prive son galant de la réjouissance de la cérémonie du délayage. Le cancan, les revues semi-érotiques et le strip-tease naissant font la promotion des premiers vrais dessous coquins. La revue professionnelle “Les dessous élégants” met en scène de nouveaux vecteurs de magnétisme sensuel. Zola voue un culte aux dessous et décrit, dans Au Bonheur des Dames les “soies fines des cuisses” et les “satins luisants de la gorge”. Pierre Duffay se réjouit quant à lui, de l’évolution de la mode qui exhibe des « trous avec de la dentelle autour »...
> Un peu plus tôt, sous le Second Empire, la femme sert de vitrine à la réussite sociale de son mari. Elle doit être belle et pudique. Pour ce faire, elle porte les crinolines, ces vastes robes en cloche portées sur des cages volumineuses que le vent fripon soulève très haut pour rincer l’œil des passants malicieux et avertis. Il faut mettre l’intimité des genoux à l’abri. La bourgeoise élégante adopte alors le caleçon long qui était jadis le complice des femmes à la vertu légère. Cet attribut est appelé le “tuyau de modestie”, l’”inexpressible” ou... l’”indispensable”. Indispensable à la morale d’une société guidée par les usages de bonnes manières, il alimente cependant les fantasmes masculins les plus délirants. L’objet n’est pas cousu à l’entrejambe et la fente est le point de mire des indiscrets en quête de frissons espiègles. Ce pantalon fendu devient le symbole à l’accessibilité du secret féminin. Il réjouit les nostalgiques du temps où les femmes ne portaient rien sous leurs jupons et allaient fesses et sexe nus.
> Il faut attendre la fin de la première grande guerre pour que les femmes s’indignent vraiment contre le corset qui les martyrise. Les années 20 ne sont pas si folles qu’on le prétend car pour la première fois, certains médecins, qui ont toute leur tête, déclarent que le carcan baleiné est intolérable pour la santé.
La mode est aux corps sains et sportifs et la célèbre culotte en jersey Petit Bateau fait des ravages chez les Garçonnes. C’est aussi la fureur des bas de soie qui se démocratisent timidement. Le “must” est le bas qui simule la teinte de la peau. Il existe une version “chair de brune” et une autre “chair de blonde”. Il magnétise les hommes et devient très vite l’élément fondamental de l’imagerie érotique et pornographique des années Art Déco. Les fascinantes “vicelardes” fixent leurs bas à des gaines, des porte-jarretelles ou à des jarretières. Le plus captivant fantasme masculin est né. Il est abondamment exploité au cinéma, dans les réclames ainsi que dans la littérature.
“Je ne lui laissais que les bas parce qu’à mon avis, c’est plus joli. D’ailleurs, sur les journaux, les femmes déshabillées ont toutes des bas».
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le corset fait son retour dans les années 30. On baigne en plein romantisme fleur bleu et, épaulée par le succès de Autant en Emporte le Vent, la taille de guêpe revient à l’honneur. Une célèbre maison de la place de la Madeleine signale, dans ses réclames, qu’il n’y a « pas de chic réel, même avec une robe d’un maître de la couture, si votre ligne n’est pas préparée ».
> Ni le “libérateur” Paul Poiret, ni le génie de la coupe en biais Madeleine Vionnet ne peuvent empêcher le retour de la courbe artificielle et déformante... Cependant, une double révolution vient bousculer les années 30. L’invention du latex et la mise au point de tissus élastifiés vont faire des premières gaines élastiques, le nec plus ultra de la lingerie. Elle est adoptée par les jeunes femmes adeptes de la culture physique. Ces filles modernes peuvent enfin se courber pour toucher du bout des doigts le bout des pieds.
Avec les robes ajustées des années 30, les élégantes redoutent plus que tout le “petit bourrelet”. Elles adoptent alors la combinaison-gaine qui offre une ligne sans “soucis”.
Les soutien -gorges se popularisent et une compagnie américaine réalise une étude sur 5000 femmes pour définir différents types de buste et mettre au point le célèbre système de taille de A à D. On dit que Marlène Dietrich avait des seins épouvantables et que ses soutiens-gorge étaient les accessoires les plus importants de sa vie. Elle en achetait continuellement et par douzaines afin de “dresser ses seins au garde-à-vous”.
Peu à peu, le soutien-gorge passe du statut d’accessoire de maintien à celui de “gadget” érotique. Dans les années 40, il devient l’objet de fixation fétichiste et
Scandale lance les premiers bonnets gonflables à volonté. Sous l’Occupation, certaines femmes appliquent sur les jambes des teintures brunissantes qui imitent la couleur des bas de soies quasi-disparus en cette période de pénurie. > A la fin des années 40, on apprend la naissance de la “première” fibre synthétique révolutionnaire : le Nylon. Solide, légère, souple et facile d’entretien, cette fibre devient l’excellence. Les années 50 sont marquées par le succès des stars en guêpière et des pin-up américaines des revues cochonnes qui s’offrent en Nylon, ne cachant que la “touffe condamnable”.
> La femme-enfant des sixties n’a plus besoin des “tricheries” du passé, elle attire l’attention sur ses longues jambes gainées de collants DIM colorés et hurle “ Notre corps nous appartient ! ” Outre Atlantique, les plus déterminées brûlent leur soutien-gorge devant la Maison-Blanche.
Mais très vite, c’est le grand retour de la lingerie érotique qui se faisait rare durant les années baba. La société s’encanaille, le film Emmanuelle est un succès et les magazines pour homme tel que Penthouse, Playboy aide le retour des parures à vocation affriolante. Les femmes veulent plaire en fanfreluches irrésistibles inspirées des rayons des premiers sex-shops. Les élégantes reviennent tout naturellement à une lingerie plus sensuelle. Le phénomène interpelle même le sociologue Jean Baudrillard qui parle d’une “irruption de l’érotique dans les apparences, l’érotique comme effet spécial au niveau de la mode.” C’est l’heure de la combinaison fatale : bas noirs, guêpière et porte-jarretelles. La lingerie de charme explose dans les années 80 marquée par la frime et le fric. On veut de la soie, des broderies et des dentelles et on célèbre l’arrivé des Dim qu’on associe au slip brésilien, au tanga et au slip ficelle, idéal compagnon des tenues moulantes.
Dans les années 90, Inès de la Fressange laisse sa place à Claudia Schiffer, Pamela Anderson fait le succès de la série américaine Alerte à Malibu et Laetitia Casta devient le mannequin français le plus populaire. On l’a compris les formes généreuses ont un magnétisme certain. Super Wonderbra vient au secours de celles qui ne se sentent pas assez... voluptueuses et le bal des artifices est ouvert : push-up, collant ventre-plat, remonte fesses... Tous les coups sont permis bien qu’ils ne soient pas obligatoires.

La silhouette unique n’est pas d’actualité et les dessous s’adaptent aux goûts et aux modes de vie de chacune à condition qu’elle soit bien dans sa peau. Calvin Klein nous a, à juste titre, demandé d’être nous même.

_association des anciens élèves d'esmod